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Hubert Félix T.

  • Photo du rédacteur: Julien BEAUVOIS-MOCHOT
    Julien BEAUVOIS-MOCHOT
  • 17 juil. 2024
  • 2 min de lecture

J'ai assisté ce soir à un concert.

Nîmes, la Paloma.

Un spectacle d'Hubert Félix Thiéfaine, icône du rock français dont la plume et l'univers demeurent uniques.

Un brin luciférien mais anti-diabolique. C'est dire que l'artiste joue avec le feu.

J'ai été frappé de voir le temps faire son œuvre sur le public et ce chanteur que j'aime. Comme si tous ces jeunes gens du temps jadis avaient pris 30 ans dans les dents en l'espace d'une soirée.

Dystopique.

La cosmic machine à sécher le linge ne fait pas de quartier.

Ce public conquis le suit depuis ses premières heures, d'autres ont suivis le mouvement, pas moins passionnés, j'en fais partie.

C'est une espèce de messe, les désabusés communient pour rendre le désespoir plus tolérable. Et on goûte au plaisir de savoir ce que d'autres semblent ignorer. La révolte est poétique face à la déshumanisation féroce et proprette.

Hubert Félix Thiéfaine incarne aujourd'hui à 75 ans passés un esprit rock difficilement classable, psychédélique et visionnaire. La plume trempée dans un bain psychotropique, chez lui, les apparences se déchirent comme un mur en carton pâte, l'artiste est un clairvoyant sans chapelle.

Et pourtant, diantre, sa vitalité le trahit. L'exubérance a laissé place à l'économie.

Si son chant est sans faiblesse, prouesse, sa présence devient timide, contrastant avec l'énergie pétulente de ses musiciens. Son corps n'est plus habité par la même folie incantatoire. Alors, on est ici très loin du tragique d'un Renaud mais il suffit de lire entre les lignes. Les outrages du temps sont imparables, irréparables, la lumière s'affadit tôt ou tard...

La magie ne prend qu'à moitié, il faut que le charisme déroule pour que l'hypnose de masse fonctionne à plein régime. Voir ses idoles faillir, c'est implicitement renoncer à la cape du super-héros.

La déliquescence et la mort suivante ne sont pas des promesses, c'est la destination vers laquelle nous marchons sans erreur possible.

Comme le disait Montaigne, s'il y a bien une chose à méditer, c'est elle.

Notre propre fin incontestable.

Et c'est à l'aune de notre mort à venir que nous pourrions juger nos réalisations diverses, variées ou futiles.

Cette réflexion sur la brièveté de nos vies nous prémunit de l'orgueil et de notre sentiment d'importance. Le vent a raison des pierres au final.

Nous ne sommes que des oiseaux de passage. Alors, ne passons pas sans panache et entonnons nos chants à nul autre pareil. Pour qu'à l'absurdité s'ajoute une touche de fantaisie heureuse.

Pour ma part, c'est vrai que je me vois et me sens vieillir tout doucement, que j'ai vu mon père mourir il n'y a pas si longtemps. Et puis ce soir, j'ai croisé une connaissance, un gars sympa, la petite cinquantaine, sa femme en l'espace de 5 mois est partie vers d'autres rivages, cancer foudroyant.

Mais au delà du subjectif et des concours de circonstances, il y a une vérité là-dedans.

Nous ne valons que par ce que nous tissons avec les autres et avec ceux qui nous suivront.

C'est un paradoxe stupéfiant, il faut une énergie phénoménale pour s'émanciper de la folie ambiante, être bien soi et pourtant... Seul au monde, nous ne sommes rien.

Rien d'autre que le monde, l'espace d'une respiration complète.

Avant l'essorage.


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