Servir le propos, l'art du microphone
- Julien BEAUVOIS-MOCHOT
- 14 févr.
- 2 min de lecture
L'un des métiers que j'exerce volontiers et qui me procure une grande satisfaction, c'est celui de présentateur ou autrement dit d'animateur au micro.
C'est une pratique exigeante qui me demande à la fois de savoir peser mes mots mais aussi d'improviser en toute circonstance, en évitant autant que faire ce peut la redite et le bavardage creux ou insignifiant.
Alors je m'y évertue avec un certain succès souvent, en amoureux des mots et pour que la communication fasse sens. À l'heure où le verbe est perverti ou galvaudé, le jeu en vaut la chandelle. Qui oserait dire le contraire...
C'est qu'il s'agit ici de mettre les autres en lumière, leurs réalisations et leurs passions, leurs projets et la place qu'ils occupent dans un contexte donné.
Certains présentateurs ont horreur du vide et jacassent à vous en éclater les tympans comme pour se persuader eux-mêmes qu'ils ne sont pas là par hasard, erreur funeste. Et pourtant, il faut savoir donner de soi, partager une forme d'enthousiasme et d'entrain pour apporter ce supplément d'âme comme je me plais à le croire.
Avec parcimonie et sans acrimonie, ne faut-il pas savoir se faire rare pour être un tant soi peu précieux.
Il y a une responsabilité civique à tenir le crachoir ou le microphone, on peut s'autoriser le jeu de mots mais provoquer des blessures au hasard est malvenu quand nos dires sont amplifiés et que quelqu’un toujours tend l'oreille. La langue est une lame à double tranchant et la confusion profite à la discorde.
On ne doit pas manquer non plus de cette assurance bonhomme, celle qui offre de ne pas douter quand c'est inutile.
L'agora demande d'être présent à soi et aux autres, de considérer chacun, sans ignorer le plus petit et sans porter le puissant au pinacle.
C'est pour ces raisons et d'autres que j'oublie volontiers que je suis fier de faire ce métier d'orateur qui réclame du cœur à l'ouvrage pour éviter le labeur.
Tisser des liens, même éphémères et distiller un brin de poésie dans notre réel en partage, c'est à mes yeux ce qui caractérise, au moins pour partie, la noblesse du genre humain. Nous cherchons tous, je crois, l'ombre bienfaisante de l'arbre à palabres.

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