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Miroir, miroir

  • Photo du rédacteur: Julien BEAUVOIS-MOCHOT
    Julien BEAUVOIS-MOCHOT
  • 23 janv. 2023
  • 6 min de lecture

Donnons nous aux personnes ce que nous avons en abondance ou ce dont nous manquons ?

Comme disait l'autre, qui est un autre moi barbare, autant donner ce que l'on veut recevoir.

Si la réciprocité semble être le gage d'une relation équilibrée et non tarifée, mieux vaut comprendre qu'une relation de qualité n'a pas vocation à soigner nos névroses... Autrement dit, si j'attends que tu me complètes pour exister, je n'ai pas fini de brasser de l'air.

Ce sont ces traumas passées dont on ne veut/peut pas se séparer qui nous enchaînent à des relations défaillantes, avec ce petit goût dégeu de déjà vu.

Pourquoi en vouloir à l'autre qu'il ne me donne pas ce que je ne peux m'offrir moi-même ?

Paradoxal et élémentaire mes chers, là où il y a moins d'enjeu, les jeux sont ouverts.


C'est une chose de le dire et de plagier Maître Yoda, c'en est une autre de déposer les armes.

C'est souvent après avoir lutté, rivalisé d'ingéniosité ou de malice, perdu et gagné cent fois qu'on comprend enfin la vanité de l'entreprise... Ou pas.

Oui il est illusoire de "vouloir lâcher prise", ça se réalise sans effort quand nous sommes enfin disponible, sinon c'est un écran de fumée ou une déclaration d'intention pour qu'on nous porte attention. L'époque actuelle est plus riche en VRP de l'éveil qu'en bouddhas vivants.

Des wagons de méditants sincères s'avouent: "Je ne suis pas un jedi, snif...Je n'arrive pas à lâcher prise". Où quand l'idée de méditer rend le temps dévolu à la méditation médiocre.

Il est inutile de convaincre qui que ce soit mais nous dépensons une énergie considérable pour avoir raison ou être entendue.

Cet insidieux manège nous met dans une merde noire parée de paillettes multicolores.

Ainsi, on donne vie à nos logiques de répétition, aux fameuses boucles dont nous nous défendons ensuite, préférant croire au sort funeste qui s'acharne plutôt que de percer à jour les croyances limitantes que nous alimentons assidûment.

C'est qu'il ne faudrait pas faire voler en éclat la construction habile de nos récits et de nos personnages. Si l'on se reconnaît co-créateur de nos vies, la posture victimaire ne tient plus, il faudra trouver autre chose pour gratter de l'énergie à nos semblables.

"Comment ça ? La victime, un vampire ?? C'est dégueulasse !"

Idem pour la figure du héros, qui crée des difficultés pour mieux les résoudre ensuite au son de "I will survive". Je reconnais à la masturbation ses qualités improductives.

Que dire du prétendu sage qui explique le monde ou pire écrit un bouquin comme pour atténuer la douleur de ses expériences passées qui ne sont pas passées, minimiser son implication et fuir les confits de canard, pardon les conflits de connards. Oui on peut combattre parce que les circonstances l'exigent, reste à choisir la modalité et être au clair sur sa motivation sous jacente.

Il n'est pas judicieux de prétendre anéantir ces modes de fonctionnement.

Les reconnaître pour ce qu'ils sont, des demandes maladroites d'amour, permet de trouver une distance affectueuse, un brin d'autodérision et de la tendresse.

Je te souhaite étranger de plier comme le roseau face aux assauts du vent et de ne pas rompre comme la canne qui finit en petit bois pour allumer le barbecue de l'ignorance. Dans le pire des cas, tu remettras une pièce dans le juke-box samsarique...


En bon fossoyeur, nous avons enfoui certaines parts de nous en souffrance. Dans ce cimetière de nos douleurs, nous avons érigé des statues sur lesquelles nous avons solennellement gravé:

"Plus jamais ça"

"On ne m'aura pas deux fois"

"L'enfer c'est les autres"

"J'ai tout donné sans jamais rien attendre et on ne m'a rien donné en retour", etc...

Parfois, telles des spectres, ces voix remontent à la surface et demandent leur dû.

Être entendues ou gueuler dans le noir.

On voudrait trouver un remède, une solution, se répéter tel un mantra, "Cela ne me touche plus" ou encore "Je ne fais pas corps avec ma souffrance". Pauvre corps abandonné par un esprit errant...

C'est une réaction symptomatique de celui ou celle qui ne veut plus jamais souffrir parce que trop c'est trop. Mais on ne triche pas avec la Matrice ! Enfin pas comme ça...

Alors, que faire docteur, faire brûler un encens venu du Népal ?

Appeler à l'aide les esprits éclairés de la 7 ème dimension?

"Arpenteur du noble chemin tortueux, vis à vis de tes antiques blessures devenues nécroses, celles qui se sont tapies honteuses dans ton ombre, sois ce meilleur ami, l'oreille digne de confiance et sans complaisance, celui qui ne se juge pas. Comme le dit la chanson à l'eau de rose, ouvre tes bras et ton cœur. C'est un dialogue et un voyage intérieur. Se faisant, il y a fort à parier que ces voix lancinantes s'apaiseront et que leur chant diffèrera bientôt. Tu n'en deviendras pas naïf mais ta lucidité ne sera plus teintée d'amertume"

Par extension, faisant suite aux moxibustions, si nous nous offrons ce que le monde cruel nous a refusé, il se pourrait que celui-ci se mette à changer...

À me donner ce que je demande aux autres, je sors de la rancœur sourde et mon contentement génère une abondance de bienfaits.

"Car on donnera à celui qui a; mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a." Luc 8:18


Pour comprendre les stratégies inconscientes qui dictent mes habitudes, je peux interroger les bénéfices secondaires de mes intentions affichées. J'y découvre rarement des monstres mais toujours un besoin d'être vu, reconnu, touché.

Si par exemple, j'ai coutume de me plier en 4 pour exaucer les désirs d'autrui et lui faire plaisir, quitte à anticiper sa demande, il y a chez moi le besoin de devenir indispensable ou d'être aimé pour ma capacité à donner. Quitte à nier mes propres désirs et à devenir dépendant des relations où s'exprime mon désir de satisfaire l'autre.

Qui plus est, si l'autre ne m'a rien demandé, je deviens envahissant à vouloir le secourir. Et ma propre demande de reconnaissance, inexprimée puisque parée des meilleures intentions du monde, ne sera pas non plus entendue.

Autre exemple, celui-ci raconte sans cesse les difficultés qu'il traverse. Il s'enferme dans une posture victimaire pour capter l'attention et l'énergie d'autrui tout en se prouvant qu'il est un survivant, capable d'être encore là malgré les coups durs et les injustices subies.

La vie étant bien faite, elle lui apportera un lot supplémentaire de difficultés pour l'assurer de sa croyance...


T'es tu déjà entendu répéter inlassablement la même histoire personnelle, à qui veut l'entendre et sans qu'on ne te l'ait demandé ?

On raconte les épreuves que nous avons enduré, les coups du sort reçus en pleine poire, les injustices subies ou vécues comme telles.

Nous exhumons ce passé, nous jugeons que ces événements sont fondateurs, ils légitiment notre douleur présente, les impossibilités auxquelles nous faisons face aujourd'hui voire soyons fou, notre vide existentiel.

De là à s'installer dans une posture victimaire, il n'y a qu'un pas que nous franchissons allègrement pour peu qu'on ait un auditoire.

Oui te voilà enfin arrivé au Bureau des pleurs, fais valoir tes blessures, c'est ton droit le plus strict !

Si quelqu'un se permettait de t'inviter à "changer de disque", tu serais sans doute blessé par tant de brutalité et si peu d'empathie. Pourtant, ce malotru serait certainement un bienfaiteur car à nommer les choses, encore et encore, on les fait exister démesurément.

Si le verbe est cher, économise le !

Décaler le regard qu'on porte sur sa propre histoire, c'est sortir d'un rôle défini à jamais et se donner la possibilité d'élargir son horizon jusqu'à sortir du tragique de répétition...


La survie au quotidien nous est majoritairement acquise, plus qu'elle ne l'était pour nos ancêtres. Les tigres à dents de sabre se font rares... Alors, pourquoi vouloir sortir de la Matrice comme si notre vie en dépendait ?

Est-ce qu'élargir notre conscience peut nous libérer de nos peurs et de la peur de mourir ?

A partir du moment où je deviens "conscient" de quelque chose, je mets en lumière une certaine facette du réel. Instantanément, d'autres facettes disparaissent dans l'ombre, du moins à mes yeux. Et donc quelque chose m'échappe, le "Réel" me fuit, encore et encore.

Quand je dis ombre, je parle ici de ce qui est non-visible et non du côté obscur de la Force.

Notre "conscience" quotidienne se heurte au monde à travers cet impératif, préserver notre sacro-sainte identité, notre sentiment d'appartenance, notre besoin indécrottable d'avoir raison. Si le regard des Autres m'apporte un éclairage, j'appréhende le monde plus largement dans sa multiplicité et ses contradictions apparentes.

Que ferons-nous, dissoudre notre personnalité dans une Totalité qui nous échappe ?

Construire une personnalité avec sérieux et la défendre bec et ongles ?

Et si nous échangions déjà l'emprise de la pensée pour la saveur de notre ressentir.

 
 
 

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