Pour arriver à bon port

Cher capitaine, Je t'écris ces quelques mots collectionnés au gré de mes expériences diverses.

Non que je sois passé maitre en la matière, j'ai simplement à coeur de te faire gagner le temps que j'aurai dépensé pour m'offrir ces perles précieuses.

Je te parlerai primo de l'art de regarder dans le miroir du dedans.

L'introspection est une lame à double tranchant. À mal s'en saisir, on se retranche du monde qui fourmille. À la laisser au rebut, l'esprit de son possesseur s'en trouve décati et dépité. Écoute, une attention renouvellée et juvénile, voilà ce dont il s'agit! Elle suppose une certaine légèreté mais aussi la chaleur de la lumière. Elle est comme traversée alors d'incessants aller-retours entre le dehors et le dedans.

La fraîcheur plutôt que l'oubli camarade. Sois déjà ce vieillard, souviens toi de l'enfant que tu fus.

Mon ami, bien mener sa barque, c'est suivre le courant sans te laisser emporter par le tracé coquin. Quitte à te jouer du destin... Sois bien déterminé à pagayer quand les circonstances l'exigent sans en faire tout un fromage. Et offre-toi aussi s'il te plaît, la gratuité du farniente. Avec ou sans mojito, s'en battre les cocotiers.

Si tu te focalisais coûte que coûte sur la destination visée sans ralentir le temps et goûter au paysage, ton parcours deviendrait une épreuve de force dont l'émerveillement serait banni, pure folie.

À contrario, si tu te refuses à fixer un cap pour t'en remettre au sort seul, il te sera tout à fait possible d'échouer sur les rivages de nulle part. C'est l'apanage des romantiques pour qui le désespoir est un héroïsme et le labeur, une insulte à leur paradis perdu.

Trêve de métaphore pour cette fois mais dis-moi...

Où as-tu donc prévu de te rendre très bientôt, as-tu seulement harnaché ton vaisseau ? Peut-être es-tu en partance ou déjà en voyage ? À l'intérieur ou au dehors ?

À moins que ce ne soit les deux, mon capitaine.